mercredi 25 janvier 2012

Roots


Une indigestion de faits mineurs, tous ces petits riens phénoménaux qui engloutissent la beauté du monde et la beauté des hommes sous une couche épaisse de sucre dégoutant, de quoi nous faire oublier le goût des autres, sur le bout de la langue le goût sublime des forêts en décomposition.





C’est au petit matin, le jour à peine désommeillé, quand le soleil n’est qu’une vague idée noyé vers l’orient, c’est là, sur un chemin de feuilles mouillées, que les odeurs du monde m’étourdissent le mieux. Je quitte à peine le silence des troupeaux, le murmure des sabots humides sous le ventre des vaches, leurs yeux cernés de kohl m’envoient quelques prières – un steak ce soir meuglera bien saignant sur la table de l’hôtesse.
Et je m’enfonce dans la puanteur épaisse des agonies d’hier, le corps alourdi de tristesse, en quête d’un petit chemin qui pourrait enfin me conduire à nulle part.

Nulle part.

Au-delà de la dévastation : à l’horizon piqué de poteaux électriques, rien d’autre ne répond sinon l’absolue certitude de n’être que de là. Naître de ce pays dont je ne connais rien, qui ne me connait pas et qui m’oubliera vite.
Ou pas.
Qui sait si je n’y laisserai pas de telluriques obsessions.
Le dernier regard du rouquin assassiné par une balle perdue. Mort contre la france. Et sa mémoire engluée de regrets éternels.




Le ciel sans un nuage est d’un ennui profond. Plus loin, je traverse un village et mes pieds me font mal. Plus loin c’est un creux de vallon, une vague envie d’y creuser ma tombe, et puis, plus loin encore, des gorges noires propices à l’affolement des rivières.

Nulle part et le silence et le nécessaire besoin de s’y perdre.




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