dimanche 24 juillet 2011

Une ville, 22h52

J’ai une machette
Dit un poivrot à un autre poivrot


Répond l’autre

J’ai une machette, moi. Moi, j’ai une machette.
Répète en boucle le poivrot


S’interdit de répondre l’autre

Et ainsi de suite, dans l’interminable nuit mouillée de ce milieu d’été.

Je ne sais pas, machette, ça que ça veut dire dans la bouche assoiffée du poivrot.
Mais massacre, oui, même en tremblant je te coupe en morceaux, même au fin fond de mon ivrognerie je te saucissonne la tronche, oui, même en vomissure de vinasse je te tranche les artères, oui, j’ai une machette, moi, moi, et c’est tout j’en ai une et c’est tout, j’ai une machette et c’est moi.

Sa voix rauque bouleverse la cambrure des arbres, dans la nuit pâlichonne de ce milieu d’été ils/platanes désolants- éteignent les feux allumés sous les bancs, allongent du silence.
Et s'apaisent, dans la ville assoupie, les colères cannibales (à minuit, tout est calme).

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