dimanche 23 janvier 2011

Une tragédie #1

Georges est mort.
A la suite d’un concours de circonstances bien étrange.

Ce matin là Georges en se réveillant était de bonne humeur, une nuit d’amour griffait ses joues.
L’inconscience, sans doute, ou le trop de confiance en lui, ce qu’il a fait ce matin là… s’assoir, enfin poser son cul, dira maman, sur son fauteuil à elle, ça… grands dieux, ça n’est pas acceptable.

Seigneur Jésus et tous les saints, allez, hop, dégage, vas-t-en, tu sais très bien que… allez ! hop ! hop ! hop ! je ne veux plus te voir de la journée !
Et elle claque, vlam ! la porte derrière le pauvre Georges, 15 ans, une belle nuit d’amour dans les pattes.

Ainsi part-il de la maison, chassé, chassant on ne sait quoi, mais dans l’esprit des pensées complexes.
Une petite envie d’en finir avec tout ça lui noie l’âme un court instant, mais c’est comme s’il buvait un verre de lait : ça l’écœure. Il passe outre.

Au lieu d’emprunter, comme à son habitude, la Rue de la Pompe-à-nœud, il choisit de bifurquer vers l’avenue de la Joie. Coupée en deux par le Village de la soif, c’est un morceau de ville où les filles de grande vertu applaudissent aux exploits des chiens égarés. On s’y pourlèche d’amour éperdu, pour quelques francs six sous la honte déserte les trottoirs, c’est à peine à cinq cents mètres du monde commun mais c’est ailleurs, plus haut, ou en dessous. Pour ainsi dire, dans le Village de la soif, les tables de la loi, on chie dessus.

Georges marche encore mais sur la jante. Les pneus crevés, à bout.
Plus d’essence. Réservoir à sec.
(Ça va bien la métaphore ? Tout le monde a compris ?)

Au même moment, à sec également, mais quelques rues plus loin, le poète chasse la métaphore. Un rideau mou dans son ventre, des traits de plume rayent le bois de sa table, il est en bas de la colline et l’horizon s’échappe à grands coups d’ailes rageurs. Il cherche le rapace qui l’immolera dans l’Olympe.

Georges a froid mais ne rentrera plus chez lui. Il trace. Il écrit avec ses pieds le dernier chapitre de sa vie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire